Smartphone : ange ou démon de la sécurité routière ?

par 30 Avr 2021

Le démon de la distraction au volant

 

 

 

 

Le baromètre des usages du smartphone au volant réalisé par la Fondation MAIF et l’IFSTTAR, indique que la part des conducteurs qui utilisent leur smartphone au volant augmente chaque année : 39% en 2016, 43% en 2017, 46% en 2018 et 49% en 2019. 

Cet usage est très lié à l’âge (60% des moins de 45 ans et jusqu’à 65% des 25-34 ans) et aux kilomètres parcourus (60% de ceux qui font plus de 15 000 km/an).  

Quid de l’accidentalité liée à cette distraction en constante progression ?

La Sécurité Routière admet que le téléphone mobile est devenu l’une des principales causes d’accidents sur la route avec la vitesse et l’alcool. Près d’un accident corporel sur 10 serait lié à l’utilisation du téléphone en conduisant. 

Or il apparaît que les chiffres officiels sont largement sous-estimés…

Des analyses qui éclairent le risque

 

Pour commencer, les analyses de conduite effectuées avec l’appli Drivata montrent que lors d’un trajet de 30 minutes le smartphone est utilisé en moyenne 3 minutes et 22 secondes (non cumulées) avec des pointes de plus de 4 minutes les lundis et vendredis… C’est plus de 10% du temps de trajet ! 

Nous calculons ce ratio depuis l’application mobile en détectant le déverrouillage du smartphone ainsi que la durée et la distance durant lesquelles l’écran est déverrouillé (hors utilisation GPS) pendant que le véhicule est en mouvement…  Même si ce ratio tend à s’améliorer à mesure que le conducteur prend conscience de sa mauvaise habitude, il continue d’interpeller nos analystes et nos clients qui, souvent, découvrent l’ampleur du problème.

Pendant que nous recherchons toujours plus de fiabilité statistique dans l’analyse anonyme de nouveaux trajets pour confirmer ces résultats, tournons nous vers l’étude de l’un des plus grands acteurs de la télématique mobile : CMT (Cambridge Mobile Telematics). Issue du MIT de Boston, leur solution est composée, comme Drivata, d’une application smartphone et d’algorithmes issus de la recherche. La différence avec nous c’est qu’ils ont déjà analysé des milliards de trajets à travers le continent américain…

Les résultats que CMT révèle dans ce rapport montrent qu’il existe une énorme différence entre les statistiques officielles, basées sur les infractions constatées par les forces de l’ordre et la réalité de la distraction mesurée avec précision et en continu depuis leur système. Selon eux, c’est quasiment 2 accidents sur 10 qui sont provoqués par une forme de distraction smartphone…

Qui plus est, l’étude pose la question de la relation entre la distraction causée par l’utilisation du smartphone au volant et les accidents mortels de piétons et cyclistes, en hausse respectivement de 3,4% et 6,3% depuis 2018… Rappelons qu’en 2020 la mortalité des cyclistes en France a bien moins baissé que celle des autres usagers de la route…

« halo de distraction » 

L’hypothèse soulevée par CMT est qu’il existe un  « halo de distraction » qui prolongerait la période distraite de 20 secondes au lieu des quelques secondes qui suffit au regard pour se porter à nouveau sur la route.

Mettons ceci en perspective : 20 secondes à 80 km/heure c’est plus de 400 mètres… L’impact de la distraction ne s’arrêterait pas quand le regard revient sur la route… Le conducteur n’est plus connecté avec la route et il lui faut un temps d’adaptation pour se recontextualiser et réagir.

Nous tentons également de répondre à ces questions en détectant, dans nos échantillons, les corrélations fortes entre la prise en main d’un smartphone durant la conduite et le déclenchement d’autres événements à risque tels que la vitesse excessive, les freinages critiques et la limite d’adhérence…

Si les prochaines analyses publiées confirment bien la présence de ce “halo de distraction” nous pourrons alors conclure, des deux côtés de l’Atlantique, que la conduite distraite se rapprocherait d’une conduite en état d’ivresse. Ce réajustement aurait comme conséquence de doubler les estimations publiées par les pouvoirs publics !

L’ange de la sécurité routière

 

La distraction des smartphones au volant est un problème moderne, qui requiert des moyens modernes pour aider à le résoudre…  Bonne nouvelle : il existe aujourd’hui des outils efficaces pour conduire les actions de prévention qui s’imposent.

Les conducteurs qui ont utilisé une solution pédagogique basée sur la télématique mobile, comme CMT ou Drivata ont durablement changé leurs comportements…  Jusqu’à 75 % de réduction de distraction smartphone dans le cadre d’un challenge de conduite. 

Le véritable miracle des moyens modernes sera de convertir un démon en ange pour réduire durablement les comportements à risque et les infractions au code de la route…

Ce sera le sujet de notre prochain article…Suivez nous sur les réseaux pour ne pas le manquer.

 

 

Projet financé avec le concours de l'union européenne avec le fond européen de développement régional

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