Mobilité en entreprise : comment concrétiser son potentiel d’innovation ?

par 27 Déc 2020

Drivata s’appuie sur un réseau d’innovation composé de partenaires qui partagent notre vision et nos actions en faveur d’une mobilité plus sûre et plus verte. C’est donc naturellement que François Gatineau, président de Mobileese a répondu à nos questions

Avant de créer Mobileese en 2016, François Gatineau a été Directeur Division IoT, Big Data et Mobilité chez Worldline (ex. groupe Atos) le leader européen des moyens de paiements. Son réseau et ses expériences passées lui permettent d’intervenir sur les enjeux stratégiques liés au développement de la mobilité électrique en France. 

Vous accompagnez les entreprises dans quels domaines et pour quelles problématiques ?

Mobileese est un bureau d’études techniques et de conseil spécialisé dans l’ accompagnement des organisations pour leurs projets de mobilité électrique. 

En clair, nous intervenons dans l’étude, le design et l’ingénierie de projets de mobilité électrique, le déploiement opérationnel d’infrastructures de recharge. D’une part, nous conseillons les entreprises dans le choix des nouvelles solutions mobilité et énergie adaptées à leurs activités, sans oublier tous les usages connexes liés à la nouvelle mobilité comme l’auto-partage, la disponibilité des véhicules au bon moment et l’infrastructure de recharge pour l’approvisionnement en énergie.

D’autre part, nous aidons les acteurs de la mobilité à concrétiser leur potentiel d’innovation, définir leur modèle économique et adapter leurs offres au marché. 

Parmi nos missions les plus représentatives,  je citerai Total que nous accompagnons sur leurs offres de mobilité électrique, Enedis sur le sujet de verdissement de sa flotte et la Région Pays de Loire pour développer et optimiser des services de “recharge citoyen”. 

Nous intervenons aussi sur le terrain avec des études d’implantation de bornes de recharge électrique sous contrainte collective pour les syndics de copropriétés.

Quel est l’impact de la crise sanitaire actuelle sur vos missions ?

 

S’il n’y a pas causalité entre la pandémie et la transition énergétique, on peut constater une accélération cette année dans les projets de transformation des flottes vers un modèle décarboné comme ceux sur lesquels nous travaillons. La progression que nous avions prévue se réalise donc un peu plus vite. C’est comme si la pandémie servait de catalyseur d’une conscience collective sur l’ensemble des sujets écologiques. Beaucoup d’acteurs économiques surfent sur cette vague montante pour prendre des positions sur le marché. 

Certains s’y mettent plus vite que les autres, je pense aux gestionnaires de flotte et aux énergéticiens dont les modèles économiques sont les plus exposés aux vastes changements qui arrivent…

Les véhicules électriques et hybrides ont leurs détracteurs qui remettent en cause l’impact positif de ces véhicules sur l’environnement…

 

Nous le disons souvent à nos clients : un véhicule électrique n’est pas toujours le bon choix par rapport à la taille de leur flotte, leur activité ou la typicité de trajets… 

Quant aux hybrides rechargeables, j’en ai essayé plusieurs et je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une aberration écologique comme certains confrères. Cela reste un moyen de se lancer dans la transition énergétique pour les constructeurs, les concessionnaires, les gestionnaires de flotte et même certains utilisateurs. Passer par la case hybride rechargeable donne bonne conscience même si on peut déplorer un manque d’ambition.

Effectivement, ce sont souvent des véhicules lourds qu’il faut recharger au bon moment et utiliser le mode électrique dès que possible. Du coup quand on fait le bilan d’une utilisation non optimisée cela revient à une consommation essence ou diesel.

Doit-on faire le grand plongeon tout de suite ou y aller par étapes ?

 

Les entreprises voient la transformation énergétique comme un simple changement de véhicules. C’est surtout le début d’un parcours qui mène à des évolutions sociétales, environnementales et économiques…

L’électricité n’est pas juste une autre source d’énergie… C’est en comprenant cela que Tesla a complètement disrupté le marché.  Pourtant on ne peut pas dire que leurs véhicules sont des modèles de design ni de finition mais ils constituent un logiciel roulant qui analyse et contrôle en temps réel les organes mécaniques et digitaux du véhicule. Comme un smartphone contrôle ses applications, collecte les informations via le GPS et les capteurs, optimise sa batterie et modélise ses fonctionnalités par rapport aux besoins de l’utilisateur. 

Encore plus fort, Tesla a compris que l’offre devait être composée d’un outil de mobilité et d’un vaste réseau exclusif de charge. Cela leur donne une capacité à scaler et pivoter à la moindre opportunité comme la conception d’un véhicule autonome avant tout le monde. 

En fait, tout est à revoir et surtout à repenser pour les constructeurs ; production, distribution, communication pour produire des voitures intelligentes, connectées et qui ne polluent plus. Aucun constructeur traditionnel ne maîtrise encore ce modèle, ils sont trop dépendants des sous-traitants informatiques. Le logiciel d’un véhicule comme une Renault a plus de ligne de code qu’un avion. VW semble avoir quelques soucis avec le système d’exploitation de son ID.3…

Pareil pour les gestionnaires de flotte, si la taxe sur les véhicules lourds doit faire bouger les choses, la capacité d’optimiser les flottes de leurs clients doit être poussée encore plus loin. On peut imaginer que les futurs gestionnaires de flotte seront des fournisseurs de véhicules multi-partagés,qui raisonnent en TCO trajets et non plus en TCO véhicule, ce qui va placer le conducteur, l’humain au centre de l’équation de la mobilité.

Comment la solution Drivata sert-elle la transition énergétique ?

 

Drivata offre un gisement de data aux opérateurs de mobilité  pour identifier, suivre et prédire les évolutions que nous venons d’évoquer.

Confronté au projet de transition énergétique de son parc, un gestionnaire de flotte ne peut pas prendre de bonnes décisions avec juste les données des véhicules… 40% des coûts de maintenance d’une flotte sont liés aux comportements des conducteurs… Il lui faut donc quantifier ces comportements pour obtenir un socle scientifique fondamental sur lequel on peut prendre de meilleures décisions.

Cette décision sera peut-être d’électrifier juste une partie du parc voir même de le réduire et de passer à l’auto-partage. Il n’y aura pas de retour en arrière pour les gestionnaires de flottes, comme les constructeurs automobiles, même les gestionnaires d’infrastructures comme Vinci ou Eiffage. Ils doivent tous, à leur échelle, se transformer en opérateurs de mobilité et digitaliser leurs opérations en s’appuyant sur la data collectée par des solutions comme Drivata.

Projet financé avec le concours de l'union européenne avec le fond européen de développement régional

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