la nouvelle bête noire des conducteurs…

par 1 Nov 2021

Selon une ordonnance au Journal Officiel du 15 avril 2021, elle-même basée sur une directive européenne, à partir de mai 2022 les véhicules neufs vendus en Europe seront tous équipés d’une boîte noire

Qu’est ce qu’une boîte noire  ?

 

En cas d’accident de la route, les trente secondes qui précèdent l’accident et les trente secondes qui suivent le choc seraient stockées dans un boîtier électronique qui enregistre à tout moment les données de conduite… 

Officiellement, ce mouchard enregistre le régime moteur, la force de la collision, l’activation du freinage, l’angle du volant, l’état et le taux d’activation des systèmes de sécurité et les paramètres des systèmes embarqués de sécurité active et d’évitement des accidents. En réalité, on ne sait pas vraiment…

Installée sous le capot des véhicules, cette boîte noire ne pourra pas être accessible ni désactivée par le conducteur…  Si le conducteur n’a pas accès à ses propres informations, qui l’aura ?

Toujours selon le texte de l’ordonnance : “les services de réparation, maintenance, contrôle technique automobile, assurance, expertise automobile, gestion de flotte, distribution de carburants alternatifs et des services innovants de mobilité attachée au véhicule… Sans oublier : “les autorités organisatrices de la mobilité pour leur mission d’organisation de la mobilité, et aux gestionnaires d’infrastructures routières à des fins de connaissance du trafic routier les données produites par les services numériques d’aide au déplacement…” 

Ça fait beaucoup de monde !

La data en cause

Olivier Flebus, président de la communauté d’experts Intelligence Artificielle et Big Data de la SIA (Société des Ingénieurs de l’Automobile) nous a fait part de sa prudence sur la nature des enregistrements et leur utilisation…

Selon son avis personnel qui n’engage pas l’association : “la boîte noire est un dispositif d’enregistrement supplémentaire dans le véhicule, limité dans le temps à quelques secondes. Les données enregistrées ne sont pas nouvelles, il s’agit uniquement de paramètres techniques du véhicule. En l’absence d’information sur la localisation précise, les conditions météo ou le comportement des autres usagers de la route (priorité coupée, stop non respecté, etc), elle ne permet pas, seule, de conclure sur les causes d’un accident. Un minutieux travail devra toujours être mené par des enquêteurs pour cela.« 

Par ailleurs, il rappelle que la qualité des données est un élément essentiel dans la confiance qu’on peut leur accorder. Enfin la connectivité des véhicules exige des précautions et mesures particulières pour se protéger des risques accrus de cyber attaques et de fuites de données. Même si l’on admet que ce boîtier permettra aux forces de l’ordre de trancher un litige sur un constat amiable dans lequel les conducteurs impliqués ne sont pas d’accord et ainsi accélérer la procédure, elle ne va cependant pas améliorer intrinsèquement la conduite… 

La crainte d’un gendarme électronique est-elle une méthode pédagogique efficace sur le long terme ? Nous ne connaissons pas encore l’avis des pros de la formation routière sur le sujet mais nous estimons la valeur éducative de ce dispositif comme nul.

Du côté des experts RGPD, on se pose des questions concernant le droit de regard des conducteurs sur leurs données personnelles… Le droit de regard est l’un des piliers de la réglementation européenne sur le traitement des données personnelles. Mais, comme indiqué plus haut, ni le conducteur ni le propriétaire du véhicule n’ont accès à leurs informations…

Chevalier blanc contre bête noire…

En 2021, Drivata a lancé une solution qui favorise une culture de sécurité routière et d’éco conduite basée sur une app smartphone qui livre des scores de conduite et identifie les comportements à améliorer. C’est un système à la fois pédagogique, statistique et analytique qui remonte les données de conduite directement à l’utilisateur et des données statistiques (donc anonymisées) aux acteurs de la prévention routière en entreprise ou aux formateurs de la conduite.

  • Le droit de regard du conducteur est garanti sur chaque trajet. A tout moment, l’utilisateur de l’appli peut filtrer, supprimer ou partager ses données personnelles selon sa préférence
  • L’appli est sécurisée avec identifiant et mot de passe et bénéficie des couches de sécurité natives des smartphones.
  • Les données analysées par Drivata, peuvent complémenter, voire s’opposer aux données de la boîte noire en re-contextualisant le trajet de l’accident avec des données spécifiques à la conduite et au contexte routier (et non pas seulement provenant du véhicule).

Nous le voyons, pour les conducteurs, les bénéfices d’une solution fiable, transparente et sécurisée comme Drivata sont multiples et pas uniquement pour les défendre contre la surveillance électronique obligatoire de leurs comportements au volant mais pour réellement améliorer la conduite, baisser l’accidentalité et les coûts de la mobilité…

La boite noire c’est dépassé !

Alors que l’industrie aéronautique imagine de remplacer ses boîtes noires, dont elle a éprouvé les limites depuis des décennies, par une solution de flux de données en temps réel, n’est-on pas en droit de se demander si ce nouvel avatar d’une technologie embarquée qui a 20 ans est bien l’avenir de la sécurité routière ?

Projet financé avec le concours de l'union européenne avec le fond européen de développement régional

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